Biodéloh
Née en bretagne, elle garde de cet ancrage un attrait pour le romantisme, pour la terre,
la puissance des éléments et la violence des mots. Un goût déjà certain pour l’image et la
matière jaillit dans les surnoms qu’on lui octroie: Pauline Carton et Mimi Cracra.
Elle est sensibilisée très jeune à l’histoire de l’art, aux lumières des couchers de soleil,
ainsi qu’à l’aspect des petites choses «bricolées», qu’elle se réapproprie désormais.
Après l’obtention de sa licence en arts plastiques à Rennes en 2003, elle part se former aux
techniques de tapisserie d’ameublement à Paris. Elle travaille ensuite au sein d’institutions
comme le théâtre du Châtelet, Chaillot, et la Comédie Française. Puis elle participe à des tournées
internationales avec le théâtre des Bouffes du Nord, en collaborant avec la metteur en scène Katie Mitchell. Elle voyage ainsi en Europe, aux Etats-Unis et en Russie. Ses expériences l’amènent à aborder les notions d’espace, de lumière et de mise en scène.
En 2014, elle valide un master en arts plastiques à l’université Paris 8. Elle consacre sa recherche
au mutisme à travers la vidéo et la peinture . Naît dès lors une interrogation permanente sur le discours de l’image, sa fabrication et sa mise en mouvement.
En parallèle, elle mène de nombreux projets collaboratifs. Citons sa participation active au projet
« La Cave», une galerie itinérante initiée avec l’artiste Angel Roy.
Elodie Huré écrit et réalise ensuite plusieurs court-métrages marionettiques et des clips musicaux.
«Parturition», et le clip «Renaissance» qu’elle réalise pour le guitariste breton Arnaud Royer,
marqueront sa collaboration avec la comédienne Galine Bout de Ficelle.
En 2016, elle rencontre l’anesthésiste et musicien Eryk Eisenberg. Ils abordent ensemble la perception
du corps. Les ouvrages d’Antonin Artaud, de Nietzsche et de Victor Hugo sont dès lors convoqués. Cette
aventure l’amène ainsi à interroger les articulations entre musique et arts plastiques.
A deux reprises, un travail scénique est réalisé,dont Elodie Huré élabore la scénographie, et la vidéo, et
elle expose son travail pictural à Clermont-Ferrand.
En 2017, elle explore la peinture et les mots dans l’espace urbain à Paris, Bruxelles, Hambourg, et
Berlin, avec le collagiste Jean Peut-être, le poète Jean Teské et le peintre Mako Moya Agurto.
Aujourd’hui, Elodie Huré poursuit ses recherches picturales dans son atelier parisien. D’abord des tâches, des gestes vifs, incisifs, réalisés au pinceau ou à la main. Puis des formes ,des personnages apparaissent, disparaissent ,au son du repentir. La musique est omniprésente, l’artiste danse et chante devant sa toile.:
« Ma pratique est indissociable d’une transe ».
Dans ce petit monde, emprunt d’obsessions, les figures, entre mutisme et dyskinésie, dansent sur les champs de l’intime au son d'une seule et même mélodie, celle d'une violente poésie, douce mélancolie, théâtre de la vie.
Des mots qui font écho:
"Je n’aime pas l’angle droit.Il me fait peur. L ‘angle droit peut me tuer. L’angle droit est un assassin. L’angle droit est un couteau. L’angle droit, c’est l’enfer…
Une espèce d’énergie me poussait à faire vite, à exprimer vite. Je ne cherchais pas la perfection dans les formes. La perfection est froide, l’imperfection donne la vie » Niki de Saint Phalle
"L'homme est malade parce qu'il est mal construit.Il faut se décider à le mettre à nu pour lui gratter cet animalcule qui le démange mortellement, dieu, et avec dieu ses organes. Car liez-moi si vous voulez, mais il n'y a rien de plus inutile qu'un organe. Lorsque vous lui aurez fait un corps sans organes, alors vous l'aurez délivré de tous ses automatismes et rendu à sa véritable liberté.Alors vous lui réapprendrez à danser à l'envers comme dans le délire des bals musette et cet envers sera son véritable endroit »
(Antonin Artaud, Pour en finir avec le jugement de Dieu